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Laisser parler l’expérience : intégrer le concept d’équité en santé dans le domaine de la santé publique environnementale

Laisser parler l’expérience : intégrer le concept d’équité en santé dans le domaine de la santé publique environnementale

Par Dianne Oickle  Dianne Oickle Sur Mars 06, 2017

Au cours des dernières années, j’ai appris à apprécier deux aspects très importants de mon travail. Le premier : plus je parle à des gens, plus j’en apprends sur ce qui doit être fait et sur ce qui fonctionne. Le deuxième : il existe divers types de connaissances. Et le type le plus pertinent dépend tout simplement de l’enjeu et du contexte du moment. Par exemple, les essais aléatoires sur les façons d’aborder l’équité en santé en santé publique sont peu nombreux. Nous devons donc très souvent nous inspirer des pratiques prometteuses et de l’expérience des gens qui travaillent sur le terrain.

Dans un effort concerté, le personnel du Centre de collaboration nationale des déterminants de la santé (CCNDS) et celui du Centre de collaboration nationale en santé environnementale (CCNSE) cherchent depuis 2013 à attirer l’attention sur le rôle que peuvent jouer les inspecteurs en santé publique (ISP, aussi connus sous le nom de spécialistes en santé environnementale, ou SSE) pour influer sur les déterminants sociaux de la santé et améliorer l’équité en santé dans le cadre de leurs fonctions. De ce partenariat ont résulté une étude pilote, des exemples de bonnes pratiques, des mesures concrètes pour les inspecteurs en santé publique et une liste de lectures essentielles. Il existe très peu de documentation scientifique sur le rôle des ISP en matière d’équité en santé. L’idée de produire ces outils a donc germé dans le contexte de conversations tenues lors de divers ateliers et aussi avant, pendant et après des activités professionnelles. Les nombreux thèmes soulevés à la conférence annuelle du Canadian Institute for Public Health Inspectors (CIPHI) en 2016, et aux conférences subséquentes des sections régionales de l’organisme au Nouveau-Brunswick et en Nouvelle-Écosse, ont reflété les leçons apprises et orienté les domaines d’action future.

On a déterminé qu’il fallait combler certains besoins en ressources, dont ceux liés à la formation, c’est-à-dire intégrer les concepts de déterminants sociaux de la santé et d’équité en santé dans les cours et les stages des futurs ISP et assurer le perfectionnement des compétences des professionnels actuellement en exercice. Les outils et les données aidant à cibler les groupes vulnérables et les exemples de bonnes pratiques illustrant les mesures prises sur le terrain ont été cités comme étant de bons moyens de montrer le lien existant entre la pratique en santé environnementale et l’équité en santé. On a également jugé qu’il était nécessaire d’élaborer des politiques et des lignes directrices qui s’appliqueraient à la pratique des ISP pour permettre à ceux-ci d’agir en amont.

On a aussi parlé de la nécessité de faire tomber les obstacles auxquels se heurtent les ISP au moment d’intégrer l’équité dans leur pratique. Parmi les moyens jugés utiles pour aider ceux moins familiers avec le concept à choisir la manière et le moment de traiter des problèmes d’équité, on a suggéré les suivants : clarifier quand les déterminants sociaux de la santé s’inscrivent dans le mandat et préciser comment intégrer les concepts de l’équité en santé dans les plans de travail et obtenir le soutien organisationnel nécessaire, soit l’affectation du personnel nécessaire aux programmes de santé environnementale. Parmi les difficultés mentionnées, la plus difficile à surmonter se résumait au fait que la description de poste des ISP ne prévoit rien pour permettre de consacrer du temps aux déterminants sociaux de la santé. On pourrait aider les ISP à consacrer plus de temps à l’équité en santé en reconnaissant le travail qu’ils font relativement aux déterminants sociaux de la santé et en leur fournissant des lignes directrices pour les aider à concilier les exigences réglementaires avec la nécessité de traiter des problèmes de déterminants sociaux de la santé sous-jacents.

Un autre thème est également ressorti de nos conversations, soit de trouver des moyens d’intégrer les pratiques exemplaires dans le rôle des ISP. On considère que le soutien des cadres (gestionnaires et autres membres du personnel de direction) joue un rôle essentiel pour permettre aux ISP d’agir directement sur les déterminants sociaux de la santé et améliorer l’équité en santé. La possibilité de travailler avec le personnel d’autres disciplines à l’intérieur comme à l’extérieur de la santé publique facilite la collaboration entre les secteurs. L’évaluation des programmes, l’échange d’exemples de bonnes pratiques et les voies de communication qui favorisent la résolution de problèmes entre le personnel de la santé publique permettent de faire connaitre les réussites et de repérer les pistes d’amélioration.

Nos collègues du CCNSE  ont produit un résumé détaillé des thèmes soulevés lors des conférences des CIPHI. Au cours de la prochaine année, nous prévoyons étudier plus en profondeur la manière dont ces enjeux influencent la pratique des ISP afin d’essayer de répondre aux questions — COMMENT je le fais? et QU’EST-CE que je fais? Ce que nous réserve 2017 : tirer profit des possibilités de soutenir l’intégration des concepts de déterminants sociaux de la santé et d’équité en santé dans les cours et le perfectionnement professionnel des ISP; mettre sur pied un atelier pour assurer le soutien organisationnel utile pour permettre aux ISP de faire avancer l’équité; et continuer à recueillir et à diffuser les exemples de pratiques prometteuses.

Le point de rencontre entre la pratique en santé environnementale et l’équité en santé suscite un nouveau dynamisme. Nous tenons à vos commentaires. N’hésitez pas à nous transmettre vos idées et vos réflexions ou à lancer une conversation dans Cliquez pour l’équité en santé.