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Combler les lacunes pour améliorer l’état de santé

Combler les lacunes pour améliorer l’état de santé

Par Faith Layden (elle) Faith Layden (elle) Sur - le 17 octobre 2018

Malgré une volonté à toute épreuve et quelques avancées, les acteurs de la santé publique n’ont pas réussi à instaurer à l’échelle systémique une approche favorable à l’équité en santé au Canada [1]. Le CCNDS s’est récemment penché sur la question en effectuant une analyse des lacunes. Il a ainsi mis en lumière un vaste éventail d’obstacles à la capacité des acteurs de la santé publique d’améliorer ou d’atténuer les déterminants sociaux de la santé.

Méthode

En étudiant les déterminants sociaux de la santé dans leur ensemble, l’équipe du CCNDS a relevé des lacunes et des pistes d’action dans 14 documents produits par le CCNDS (entre 2011 et 2015, et dans l’analyse du contexte de 2017) dans les catégories suivantes : données probantes et connaissances, perfectionnement de la main-d’œuvre, capacité organisationnelle et contexte et environnement sociétaux. Elle est ensuite allée plus loin en offrant diverses mesures possibles pour combler les lacunes observées chez les chercheurs, les responsables de l’élaboration des politiques, les décideurs et les praticiens. Les mesures ne reflètent pas toutes les activités possibles dont il était question dans les documents analysés, et ne s’y limitent pas non plus (voir le rapport intégral pour connaître les détails de la méthode).

Thèmes communs

Un certain nombre d’éléments communs se sont dégagés des lacunes :

  • Il existe trop peu de données probantes et de modèles d’application des connaissances pour proposer des démarches efficaces dans les interventions, les programmes, les politiques et l’action intersectorielle.
  • Il n’y a pas suffisamment de données (mesures, indicateurs et surveillance) ni de méthodes d’évaluation, et celles qui existent ne sont pas bien appliquées.
  • Il y a de l’incohérence dans la terminologie, les définitions et les rôles de la santé publique en matière d’équité en santé. Les acteurs de la santé publique arrivent mal à communiquer les questions complexes, les déterminants sociaux de la santé et l’équité en santé à leurs divers auditoires, y compris les médias et la classe politique, dont la compréhension est primordiale pour favoriser le changement.
  • Le leadership de la santé publique en matière d’équité en santé demeure décousu. Les exigences et la vision organisationnelles sont faibles et on ne formule pas vraiment d’attentes concrètes pour que les cadres de direction s’attaquent aux obstacles systémiques entraînant les iniquités de santé. Par exemple, la perspective d’équité n’a pas été intégrée dans de nombreuses normes de santé publique des provinces et des territoires, les compétences essentielles en santé publique au Canada ni dans les compétences propres aux disciplines connexes.
  • Les barrières systémiques sont par exemple le manque de ressources, de diversité de la main-d’œuvre, de structures favorables (p. ex., des bureaux, des équipes et du personnel spécialisé en déterminants sociaux de la santé et en équité en santé) en plus de l’érosion de la latitude du personnel et des programmes de santé publique.
  • En matière d’équité, il existe peu de politiques ou de stratégies qui englobent une multiplicité de secteurs, de régions géographiques et de niveaux. Comme les moteurs de l’équité en santé se trouvent à l’extérieur du système de santé publique, il faut des mécanismes de changement transversaux et englobants.
  • Le soutien, l’attention et l’investissement en amont de la classe politique font défaut, et on continue de mettre l’accent sur le changement du mode de vie individuel.
  • On ne perçoit pas comme une priorité les compétences et la formation du personnel ni les attentes à son égard relativement à ses rôles en matière d’équité en santé. Les organismes de santé n’offrent pas assez de soutien sur ces plans et n’en tiennent pas suffisamment compte, ce qui se reflète dans les coupes budgétaires relativement au perfectionnement professionnel, et la diminution des occasions de mentorat et de la valeur accordé à l’apprentissage par la pratique.

Applications à des rôles précis

Il va sans dire que les démarches des chercheurs, des responsables de l’élaboration des politiques, des décideurs et des praticiens de la santé publique se recoupent considérablement. Par exemple, quelques-unes des lacunes soulignées à l’intention des chercheurs dans les données probantes sont reliées au manque de connaissances des praticiens. Voici les mesures suggérées pour chaque auditoire :

  • Chercheurs : Ils peuvent de toute évidence remédier à l’insuffisance des données probantes et des connaissances. Cela dit, ils peuvent aussi jouer un rôle prépondérant dans la clarification des rôles et du vocabulaire en santé publique. Les chercheurs peuvent accomplir un bon bout de chemin dans l’application pratique de leurs travaux de recherche, en collaboration avec les praticiens et les décideurs.
  • Responsables de l’élaboration des politiques et décideurs : Ils jouent un rôle de premier plan dans les changements systémiques – le facteur que l’équipe du CCNDS a déterminé comme ayant le plus d’incidence sur l’équité en santé. Les personnes responsables des décisions stratégiques et programmatiques ont le pouvoir non négligeable de transformer le cadre de la santé publique afin que l’attention soit portée sur les facteurs en amont qui influent sur la santé. Ils peuvent également établir des structures favorables à l’équité en santé, fixer les priorités à atteindre et plaider pour le renforcement de la capacité en santé publique.
  • Praticiens de la santé publique : Ils sont bien placés pour faire en sorte que l’attention de leur organisme se concentre en amont. Leur témoignage de ce que vivent les personnes socialement et financièrement vulnérables peuvent grandement contribuer à influencer les politiques et les programmes de santé. La prise en compte des approches en amont dans leurs descriptions de travail et leur degré d’autonomie permettrait de placer les praticiens en meilleure position pour agir sur les iniquités de santé. Le changement organisationnel peut venir d’en haut, grâce à un leadership positif, mais aussi des agents du changement travaillant en première ligne.

Tous les acteurs de la santé publique peuvent contribuer aux changements systémiques nécessaires pour favoriser l’équité en santé, avec des données probantes plus solides, un vocabulaire plus clair et leur crédibilité pour agir sur la volonté sociale et politique. La classe politique et la population doivent pouvoir constater les résultats que peuvent entraîner pour la santé des politiques et des mesures solides, durables et pertinentes en matière d’équité en santé.

Votre voix

Cette analyse des lacunes repose sur les perspectives des chercheurs qui avaient contribué aux 14 documents analysés. Singulièrement, elles n’ont pas été passées en revue par les personnes travaillant dans le domaine. Pour mieux cerner les champs d’action prioritaires, nous aimerions connaître votre point de vue.

D’après vous, comment serait-il possible de faire tomber les barrières liées aux systèmes, aux structures, à la culture et à la haute direction de la santé publique? Que pourrions-nous faire comme intervenants dans le secteur pour concentrer l’attention davantage sur les changements structurels requis pour tendre vers l’équité et moins sur le mode de vie individuel?

Lisez le rapport intégral et les propos concernant chacun des auditoires.

 

Référence bibliographique

[1] Critical Public Health. (2013). Epistemological barriers to addressing the social determinants of health among public health professionals in Ontario, Canada: a qualitative inquiry. Critical Public Health. DOI : 10.1080/09581596.2013.820256

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