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Formes de savoir

Formes de savoir

Par Sur 17 avril 2015

J’arrive de la première rencontre annuelle des chercheurs et des membres des collectivités engagés dans l’initiative phare des Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC) intitulée « Voies de l’équité en santé pour les Autochtones ». Je me sens inspirée par la sagesse, la détermination et la confiance qui ont transpiré tout au long des conversations dans la pièce, mais aussi dans les collectivités dans le cadre des divers projets de recherche subventionnés. Consulter le site Web des IRSC pour en savoir plus. 

L’un des principaux points abordés durant la rencontre concerne les diverses formes de savoir. Ce point est tellement crucial pour que les recherches et le transfert des connaissances reflètent la réalité des peuples autochtones (c.-à-d. Premières Nations, Inuits et Métis) du Canada.

À ce chapitre, une chercheuse nous a parlé de son expérience de collecte de données d’enquête dans une collectivité des Premières Nations. Une grand-mère à qui elle avait demandé ce qui la gardait en santé a aussitôt évoqué les plantes, les animaux, le vent, la pluie et les esprits. Le groupe de recherche a ensuite codé cette réponse sous « environnement ». Mais la chercheuse principale, elle-même une Autochtone, ne trouvait pas cette observation assez juste. Elle est donc retournée voir les personnes ayant recueilli les données localement pour leur demander ce que la grand-mère voulait dire au juste. « Elle décrit simplement une cérémonie de médecine traditionnelle. La cérémonie lui permet de s’unir au monde vivant et à ses ancêtres. C’est ce qui l’aide à se garder en santé. » De toute évidence, en réduisant cette explication au simple « environnement », on ne pouvait capter l’étendue des propos.

Tenir compte de la caractéristique autochtone comme déterminant social de la santé exige de reconnaitre qu’il existe bien des formes de savoir. En santé publique, nous devons reconnaitre que les méthodes et les outils les plus souvent employés pour les recherches et le transfert des connaissances ne sont pas adaptés à cet effet. Beaucoup de travail est fait pour nous aider à mieux prendre en compte les formes de savoir de la population en général, y compris des Autochtones, que définit l’Aîné micmac Albert Marshall comme étant : le double regard

Le Centre de collaboration nationale de la santé autochtone (CCNSA) a récemment publié un document de travail intitulé Savoir autochtone et synthèse, application et partage des connaissances qui traite de la question plus en profondeur. L’Ontario Federation of Indian Friendship Centres a créé un modèle de recherche (en anglais) axé sur la collectivité afin d’aider les associations membres à travailler avec des collègues de recherche.  En outre, l’Arctic Institute of Community-Based Research publiera prochainement un guide et une grille (en anglais) afin d’aider les collectivités et les chercheurs à faire de la « bonne recherche en matière de santé ».

Une partie du travail accompli à l’Université de Victoria pour ce qui est d’élaborer une « structure des milieux relationnels axée sur l’équité pour les Autochtones » (en anglais) tient compte de la perspective autochtone pour encadrer les déterminants sociaux de la santé et vient enrichir notre compréhension des systèmes et du contexte. Regarder le monde en utilisant nos deux yeux ne peut que nous rendre meilleur.

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