
Réflexion d’un éducateur en équité en santé
L'auteur, Devin Wood (à gauche, avec Connie Clement, directrice scientifique de CCNDS), est un étudiant à la maîtrise à l’Université Carleton, à Ottawa (Ontario). Devin a travaillé au CCNDS comme éducateur en équité en santé durant son congé scolaire en juillet et en août 2018.
J’offre dans ce blogue le fruit de ma réflexion sur les apprentissages que j’ai faits au cours des huit semaines passées à travailler au Centre de collaboration nationale des déterminants de la santé (CCNDS). J’ai eu le privilège de m’adonner pendant deux mois à ce que j’aime le plus, c’est-à-dire la recherche et l’apprentissage des rouages de l’application des connaissances.
En travaillant ici, j’ai acquis une meilleure connaissance des déterminants sociaux de la santé et de l’équité en santé. J’ai pu aussi mieux comprendre l’important rôle que jouent les partenariats avec des générateurs de connaissances dans la conception de produits de qualité, et encore plus pour le CCNDS dans la création de produits qui communiquent ces concepts à un auditoire encore plus vaste. De manière générale, mon passage au Centre m’a permis de comprendre les principaux concepts inhérents à la santé publique et le rôle que joue le réseautage dans l’enrichissement du travail réalisé par rapport à ces concepts.
Déterminants de la santé
Avant de commencer mon emploi d’été au CCNDS, j’avais suivi quelques cours sur les déterminants sociaux de la santé. Je n’avais aucune expérience quant à leur application dans le monde du travail. Je me rends maintenant compte de l’importance d’examiner ces facteurs et du jeu d’influences complexes qu’exercent les milieux de vie et la société sur la santé de la population canadienne. J’ai été à même de voir la mesure dans laquelle certains déterminants de la santé, comme le statut social et l’accès aux aliments, influent sur la santé des personnes. Je comprends qu’on peut aussi agir en effectuant des changements dans le système de santé publique.
Le fait de considérer les déterminants sociaux de la santé, ai-je appris, aide à adopter une approche plus holistique dans les politiques de santé publique et nos schèmes de pensée en général, en faisant ressortir l’importance des facteurs d’influence autres que la génétique et les traits biologiques habituellement associés au modèle médicaliste de la santé. On peut ainsi tenir compte aussi des multiples facteurs favorables au mieux-être, comme la santé physique, mentale et spirituelle. L’accent mis par le CCNDS sur les déterminants de la santé dans son mandat m’a amené à prendre conscience de toute cette gamme de facteurs complexes et interreliés. Sans cet emploi d’été, ma façon d’aborder la santé et le mieux-être serait beaucoup moins nuancée.
Partenariat
Je constate à quel point je n’avais aucune espèce d’idée, à mon arrivée ici, de l’importance des partenariats pour le CCNDS et les organismes de santé publique en général, surtout en sachant que le CCNDS a pour objectif d’appliquer les connaissances pour que les praticiens de la santé publique puissent les utiliser. Avant, je pensais que la santé publique était une institution essentiellement monolithique. J’en suis arrivé cependant à la voir comme un réservoir de groupes et de personnes différents et de tous les secteurs d’activité qui travaillent ensemble à communiquer et à appliquer leurs connaissances spécialisées respectives, et à constater l’immense valeur de cette variété d’expériences. La diversité nécessite l’établissement de partenariats qui aident les praticiens de la santé publique à communiquer entre eux et à connaître les connaissances les plus récentes et les plus pertinentes que produisent d’autres groupes.
Le CCNDS offre des occasions d’établir ce genre de partenariats par l’entremise de son mandat d’application des connaissances. J’ai compris aussi que ses activités complémentaires comme les webinaires jouent un rôle tout aussi essentiel que les rapports de recherche. Parce qu’on y encourage la discussion et la circulation des idées, les webinaires offrent en effet une excellente façon pour les professionnels d’échanger de l’information et de nouer des liens avec d’autres personnes et des groupes, ce qui pourrait mener par la suite à des partenariats. Sans les collaborations avec des spécialistes ou des équipes comme LogementSain, par exemple, les nouvelles connaissances ne feraient pas aussi bien leur chemin. Les praticiens de la santé publique seraient en outre moins bien outillés pour prendre des décisions cruciales, que ce soit à propos de l’orientation stratégique à prendre ou des sujets de recherche à explorer.
Équité en santé
L’équité est un autre élément qui joue un rôle fondamental, notamment dans les travaux de recherche menés par le CCNDS, ai-je appris. J’en suis venu à bien saisir le concept d’équité en santé et l’importance de considérer la perspective d’équité au moment de déterminer les mesures que pourrait prendre la santé publique pour bien comprendre l’iniquité à l’intérieur et à l’extérieur du système de santé. Cette perspective fait ressortir la nécessité de remédier à l’iniquité que vivent certains groupes de population en raison de préjudices historiques ou de leur statut socioéconomique plutôt faible, ce qui les empêche de vivre une vie dans un état de santé optimal. Il faut de toute évidence venir en aide à ces populations prioritaires, parce qu’elles sont plus susceptibles de vivre des problèmes de santé à cause d’iniquités persistantes ou émergentes.
Si on ne concentre pas les énergies du système de santé publique sur l’équité, on ne placera pas la priorité sur les injustices vécues par des groupes de population comme les peuples autochtones et les minorités racialisées du Canada. On ne cherchera donc pas à en atténuer les risques pour la santé. L’iniquité ne nuit pas seulement au système de santé à cause du fardeau et du coût en découlant, mais aussi parce qu’elle augmente le taux de stress. Elle nuit aux groupes mentionnés précédemment sur les plans affectif, physique et spirituel, ce qui les empêche d’optimiser leur état de santé.
Finalement, grâce à mon emploi au CCNDS, j’ai maintenant plus de connaissances dans le domaine de la santé publique. Je comprends en outre mieux l’importance d’agir sur les déterminants sociaux de la santé et l’équité en santé dans nos processus de recherche et d’élaboration des politiques. J’ai aussi pu confirmer mes aspirations de carrière dans le secteur de la santé publique canadien. J’ai à cœur de participer à l’instauration de politiques pertinentes qui seront fondées sur des données probantes pour bâtir un avenir où tout le monde pourra vivre dans un état de santé optimal. Pour le moment, je pourrai mettre à profit mon expérience au CCNDS en appliquant les connaissances acquises et les exemples d’application des concepts sur le terrain à mes études à la maîtrise en sciences de la santé (sciences, technologie et politiques) de l’Université Carleton.