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Collaboration en matière de systèmes alimentaires grâce à des équipes pluridisciplinaires

Collaboration en matière de systèmes alimentaires grâce à des équipes pluridisciplinaires

Par Stephanie Oakes , Raymond Ramdayal Sur Avril 12, 2016

Blogueuse invitées : 

Stephanie Oakes, B. Admin., M. Sc. pol.                                     Raymond Ramdayal, ICISP(C)
Titulaire d’une bourse en urbanisme (Toronto), analyste        Inspecteur en santé publique
Santé publique Toronto                                                                  Santé publique Toronto    

Je suis (Raymond) inspecteur en santé publique depuis plus de 15 ans. Je remplis en ce moment les fonctions de spécialiste en santé environnementale à la direction des environnements sains du Bureau de santé publique de Toronto. Il y a plus de 16 000 emplacements où circulent des denrées alimentaires dans la ville de Toronto. Les responsabilités des inspecteurs en santé publique sont notamment de mener des inspections, d’enquêter sur les maladies d’origine alimentaire, de donner de la formation sur la manipulation des aliments, de participer aux rappels d’aliments, et de contribuer à l’élaboration et à la mise en œuvre du plan de gestion des situations d’urgence. Les inspecteurs collaborent quotidiennement avec les membres de la population, des fournisseurs de services alimentaires, des propriétaires d’entreprise, des fonctionnaires et des partenaires communautaires.

D’après mon expérience dans le cadre d’une initiative de notre organisme, les inspecteurs en santé publique peuvent aider à résoudre des problèmes de santé publique au nom de l’équité en santé. Les processus de production, de transformation, de vente, de préparation, de consommation et d’élimination des aliments définissent le système alimentaire et influent sur la diversité et la disponibilité des aliments. À l’échelle locale, des systèmes alimentaires durables favorisent l’emploi, la sécurité alimentaire et la croissance économique. Ils se révèlent un complément aux processus sociopolitiques propices à l’équité en santé. La réforme du système alimentaire constitue une priorité pour le Bureau de santé publique de Toronto. L’an dernier, un groupe de travail composé de membres de chacune des directions et de diverses disciplines (p. ex., inspecteurs en santé publique, diététistes, personnel infirmier, chercheurs et analystes politiques) a été chargé d’analyser le dossier alimentaire. Le groupe s’est réuni deux fois par mois pendant sept mois afin de dresser la liste des thèmes communs aux divers programmes de santé publique et aux systèmes alimentaires, puis de déterminer là où il serait possible de collaborer à l’interne. L’un des premiers exercices a consisté à établir la cartographie des maillons du système alimentaire. Les membres du groupe de travail se sont eux-mêmes placés sur la carte afin de voir où ils se situaient dans le processus, ce qui leur a permis de constater quels aspects de leur travail influent sur les systèmes alimentaires.

Le rapport remis à la haute direction comportait des recommandations quant aux prochaines étapes à prévoir, y compris la mise sur pied d’un « laboratoire d’innovation alimentaire » qui offrirait un terrain neutre où les gens pourraient se réunir et échanger des idées, de l’information et des stratégies dans une démarche pour appuyer les systèmes alimentaires. Les « laboratoires d’innovation » permettent aux participants de réfléchir en dehors du cadre des processus organisationnels habituels, et de considérer des points de vue différents des leurs, ce qu’ils n’auraient pu faire dans leurs activités professionnelles quotidiennes. Un tel « laboratoire » permet de prendre des idées qui n’existent que dans nos têtes et de les exprimer dans une démarche de résolution de problèmes. Les gens sont tout disposés à collaborer, mais veulent le faire dans un endroit où il est possible d’explorer diverses options. Ils ont besoin du soutien organisationnel à cet effet, mais ne veulent pas nécessairement qu’on leur dise où, quand et comment. Un « laboratoire d’innovation alimentaire » offre un cadre (virtuel et matériel) où tester des idées et de nouveaux projets.

Le médecin hygiéniste et les cadres de direction adhèrent au laboratoire d’innovation alimentaire. Ils ont ainsi accepté de permettre au personnel d’accorder de leur temps de travail à cette fin. Une équipe consultative formée de membres du personnel de toutes les directions du Bureau de santé publique de Toronto se réunira périodiquement pour fixer les buts et objectifs et énoncer une stratégie d’évaluation et les prochaines étapes. L’ouverture et l’accès constituent des pierres angulaires et l’idée consiste à tirer profit de disciplines, d’idées et de sujets de toutes sortes qui sont associés à l’alimentation. Tous les membres du personnel peuvent soumettre des idées ou des problèmes à l’équipe, et obtenir des rétroactions au moment de créer, de modifier ou de mettre en œuvre un programme, une politique ou une stratégie. Ils peuvent aussi s’abonner à la liste de distribution afin de rester au fait des développements du laboratoire. On espère ainsi enrichir le travail en cours et trouver des moyens novateurs d’influencer le fonctionnement des systèmes alimentaires.

Le projet a débuté en octobre 2015. Le premier laboratoire a duré trois heures sous forme d’atelier « d’introduction aux systèmes alimentaires ». La séance interactive, avec discussions en petits groupes, visait à permettre aux participants de bien saisir le concept et leur part à jouer dans la solution. De participation libre, l’atelier a tout de même attiré une quarantaine de personnes qui ont apprécié leur expérience et qui ont exprimé le désir de suivre les quatre autres modules sur les « systèmes et les politiques alimentaires » produits par l’équipe de stratégie alimentaire et l’Université Ryerson. On espère que l’intérêt se propagera comme une trainée de poudre à mesure que les gens auront suivi, animé et vanté les formations du laboratoire. Les commentaires recueillis à la fin de toutes les séances serviront à planifier les séances suivantes et la suite du projet. L’idée consiste à renforcer les moyens d’action, à en évaluer les résultats et à faire connaître l’excellent travail réalisé par le Bureau de santé publique de Toronto dans ce dossier. Le laboratoire d’innovation alimentaire aide le personnel de la santé publique à découvrir comment leur travail est relié aux systèmes alimentaires et pourquoi ce travail est important pour la sécurité alimentaire. La dernière séance a eu lieu en janvier 2016 et portait sur un projet de dépanneurs santé réalisé par l’équipe de stratégie alimentaire. Le projet en question vise à améliorer l’accès aux produits alimentaires dans les quartiers défavorisés en facilitant la vente d’aliments sains et abordables dans les dépanneurs. Près d’une trentaine de membres du personnel de huit directions différentes ont participé à cette séance. Ils y ont discuté du modèle et ont mis en commun leurs idées et suggestions pour trouver des solutions à certains des problèmes rencontrés au cours du projet.

À titre d’inspecteurs en santé publique, nous avons un pouvoir d’influence à différentes étapes du système alimentaire. Nous travaillons souvent en vase clos parce que bon nombre de nos responsabilités sont d’ordre règlementaire et que nous devons nous conformer au mandat provincial. Les demandes incessantes finissent par modeler la nature de notre travail. Cela nous empêche parfois de voir que c’est l’arbre qui cache la forêt et que notre rôle consiste aussi à aborder des enjeux plus larges. Les laboratoires d’innovation alimentaire nous permettent de briser en partie le cloisonnement et de véhiculer une culture de collaboration propice à aborder les enjeux de plus grande portée en santé publique. Les inspecteurs en santé publique ont un vaste bagage de connaissances et de compétences dans le domaine de la sécurité alimentaire et de l’évaluation du risque, un atout dans le contexte plus large de la réforme du système alimentaire qui contribue à l’équité en santé. Les laboratoires d’innovation peuvent tirer parti de ce savoir et faire de ces professionnels des joueurs clés dans une démarche pour assurer la qualité nutritionnelle, la disponibilité et la sécurité des aliments.

Votre opinion nous tient à cœur! Quelle a été votre expérience en matière de déterminants sociaux de la santé et d’équité en santé dans votre milieu de travail en santé environnementale? Transmettez vos exemples de bonnes pratiques à Dianne Oickle , spécialiste du transfert des connaissances, et aidez-nous à faire connaître ce qui se passe sur le terrain. Notre collègue Karen Rideout,  du Centre de collaboration nationale en santé environnementale (CCNSE) , continuera de son côté à recueillir les témoignages des professionnels de la protection de la santé ou des inspecteurs et des praticiens en santé publique qui prennent des mesures pour influer sur les déterminants sociaux de la santé et l’équité en santé. Elle tient elle aussi à entendre votre opinion!

Consultez la collection de ressources du CCNDS pour approfondir la question. Nous vous suggérons :

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